
Une soutenance qui fait date à l'Université de Dschang
Le 10 juillet 2025, l'amphithéâtre de la Faculté de Médecine et des Sciences Pharmaceutiques de l'Université de Dschang affichait complet. L'occasion était de taille : la soutenance de thèse de Blanche Vidaline Chamjou, désormais docteure en pharmacie. Son sujet, à la croisée de l'économie et de la santé, portait sur les études comparatives des coûts de mise sur le marché des antipaludiques fabriqués localement et ceux importés au Cameroun.
Ce choix interdisciplinaire a mobilisé un jury de haut niveau, présidé par le recteur de l'université, le professeur Roger Tsafaknan Fosso, passionné de microéconomie.
Un enjeu vital : la lutte contre le paludisme
Le paludisme demeure la première cause d'hospitalisation dans les établissements de santé du Cameroun. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le pays figure parmi les 12 plus touchés au monde. Les antipaludiques représentent donc une catégorie de médicaments stratégique.
Actuellement, la production locale est concentrée à Douala, où deux entreprises, Afripharma et Afriqueux, assurent environ 28,07 % de l'offre nationale. Mais le reste provient d'importations, soumises à des taxes douanières et à des coûts de transport qui alourdissent considérablement les prix de vente.
Les résultats de l'étude
Les analyses de Blanche Vidaline Chamjou montrent que la production locale d'antipaludiques est non seulement viable mais également plus avantageuse que l'importation. Les médicaments produits au Cameroun pourraient être proposés à des prix grossistes hors taxes nettement inférieurs.
En cause : l'absence de certaines charges douanières pour les producteurs locaux, ce qui leur confère un atout compétitif face aux importateurs. Ces conclusions ouvrent la voie à des politiques publiques incitatives en faveur de l'investissement dans l'industrie pharmaceutique nationale.
Tableau comparatif présenté dans la thèse
Source d'approvisionnement | Part actuelle (%) | Coût estimé (prix grossiste HT) |
---|---|---|
Production locale (Afripharma, Afriqueux) | 28,07 | Inférieur grâce à l'exemption douanière |
Importation | 71,93 | Plus élevé, alourdi par les taxes et le transport |
Les recommandations des experts
Pour les membres du jury, la thèse ne se limite pas à une analyse économique. Elle interpelle directement les pouvoirs publics sur la question de la souveraineté sanitaire.
- Professeur Roger Tsafaknan Fosso : a insisté sur l'urgence de renforcer les capacités locales de production pour garantir une autonomie durable en matière de santé.
- Professeur Emmanuel Pondopondo, président de la Commission nationale du médicament : a souligné que l'enjeu dépasse le paludisme et appelle à soutenir la fabrication locale de tous les médicaments, y compris à partir de matières premières camerounaises.
- Professeur Gaston Konvoua, économiste de la santé : a encouragé l'intégration des médicaments traditionnels améliorés (MTA) dans les recherches futures, un secteur encore peu exploré mais porteur d'innovations.
Une question centrale pour l'avenir
Ce travail pose un dilemme de fond : le Cameroun peut-il espérer atteindre la couverture santé universelle en continuant de dépendre largement des importations pharmaceutiques ?
La réponse, selon les experts, passe par un renforcement de l'industrie nationale, l'élargissement de la gamme de produits locaux et le développement d'une filière des matières premières.
Cette thèse ouvre un champ de réflexion crucial pour le système de santé camerounais. Selon vous, quelles mesures devraient être prioritaires pour encourager la production locale de médicaments ? Pensez-vous que les médicaments traditionnels améliorés pourraient devenir une solution crédible face aux importations ? Partagez vos idées et vos expériences en commentaire : votre avis compte pour enrichir ce débat de société.